PARIS – Les deux principaux syndicats agricoles français ont annoncé qu’ils allaient lever les blocages routiers jeudi, peu après que le Premier ministre a présenté de nouvelles mesures visant à protéger leurs moyens de subsistance, qu’ils ont qualifiées de « progrès tangibles ».
Cependant, les militants agricoles qui ont ont bloqué la circulation sur les grands axes routiers de la région parisienne ont déclaré qu’ils resteraient sur place au moins un jour de plus pour voir les engagements du gouvernement par écrit, et les deux syndicats ont déclaré qu’ils suivraient de près toute mise en œuvre par le gouvernement.
« Nous ne voulons pas entendre des mots d’amour. Ce que nous voulons, c’est des preuves d’amour », a déclaré Thierry Desforges, membre d’un syndicat agricole, lors du blocage de l’autoroute A6 à Chilly-Mazarin, au sud de Paris.
Des milliers de Les agriculteurs français ont manifesté depuis deux semaines dans tout le pays pour protester contre la faiblesse des revenus, la lourdeur de la réglementation et ce qu’ils appellent la concurrence déloyale de l’étranger. Des manifestations similaires ont également eu lieu en Europe, notamment au siège de l’Union européenne à Bruxelles.
Premier ministre Gabriel Attaldont les promesses antérieures de régler les problèmes des agriculteurs n’avaient pas réussi à apaiser les protestations des Français, a annoncé jeudi une nouvelle série de mesures.
Ces mesures comprennent des dizaines de millions d’euros d’aide, des allègements fiscaux et la promesse de ne pas interdire en France des pesticides autorisés ailleurs en Europe, ce qui, selon les agriculteurs français, conduit à une concurrence déloyale. M. Attal a également déclaré que la France interdirait immédiatement les importations en provenance de pays tiers qui utilisent des pesticides interdits dans l’Union européenne.
Arnaud Rousseau, président du plus grand syndicat agricole français, la FNSEA, et Arnaud Gaillot, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs, ont déclaré jeudi qu’ils appelaient leurs membres à suspendre les manifestations.
« Nous avons été entendus sur un certain nombre de points, avec des progrès tangibles », a déclaré M. Rousseau, même si les deux syndicats ont indiqué qu’ils suivraient de près la mise en œuvre par le gouvernement de ses promesses d’ici juin.
« Nous appelons nos membres à suspendre les blocages », a déclaré M. Gaillot.
Le président français Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, a déclaré que les derniers engagements du gouvernement français envers les agriculteurs signifiaient qu’il avait entendu leurs préoccupations. Il a déclaré avoir obtenu des concessions majeures de la part de l’UE, décrivant cela comme une » révision profonde de la logique » de la politique agricole européenne.
Le discours de M. Attal plus tôt dans la journée de jeudi a été prononcé alors que des centaines d’agriculteurs en colère, conduisant des tracteurs de gros tonnage, s’apprêtaient à quitter l’Europe. ont semé le chaos devant le siège de l’Union européenneexigeant que les dirigeants, lors d’un sommet de l’UE, apportent une aide aux victimes de la traite des êtres humains. la hausse des prix et la bureaucratie.
« La question se pose actuellement dans toute l’Europe : y a-t-il un avenir pour notre agriculture ? Bien sûr, la réponse est oui », a déclaré M. Attal.
Aux barrages routiers installés dans toute la France, les manifestants ont suivi le discours sur les smartphones et les télévisions qu’ils avaient mis en place.
M. Attal a promis qu’il n’y aurait pas de nouvelle interdiction des pesticides « sans solution » et a déclaré qu’aucun pesticide autorisé ailleurs dans l’UE ne serait interdit en France. Par ailleurs, M. Attal a annoncé que la France interdisait, dès à présent, les importations de fruits et légumes en provenance de pays tiers traités au thiaclopride, un insecticide actuellement interdit dans l’Union européenne.
La France proposera la création d’une « force de contrôle européenne » pour lutter contre les fraudes, notamment en matière de réglementation sanitaire, et lutter contre l’importation de produits alimentaires contraires aux normes sanitaires européennes et françaises.
M. Attal a également réaffirmé que la France resterait opposée à la signature par l’UE d’un accord de libre-échange avec le Mercosur. « Il n’est pas question pour la France d’accepter ce traité », a-t-il déclaré.
Les objectifs du gouvernement avec les nouvelles mesures annoncées sont de « redonner de la valeur à l’alimentation » et « d’augmenter le revenu des agriculteurs, de les protéger contre la concurrence déloyale et de simplifier leur vie quotidienne », a-t-il déclaré.
M. Attal a également annoncé une aide de 150 millions d’euros (162 millions de dollars) pour les éleveurs et une baisse des taxes sur les exploitations transmises par les anciennes générations aux plus jeunes.
Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, s’exprimant après M. Attal, a annoncé une enveloppe de 2 milliards d’euros (2,16 milliards de dollars) pour accorder des prêts aux personnes qui s’installent en tant qu’agriculteurs.
Le gouvernement français a également doublé le nombre de contrôles pour sanctionner les groupes industriels agroalimentaires et les supermarchés qui ne respectent pas la loi de 2018 visant à payer un prix équitable aux agriculteurs. L’amende peut atteindre jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires des entreprises qui ne respectent pas la loi.
Lors du blocage de Chilly-Mazarin, Damien Greffin, représentant de la FNSEA, a déclaré que les agriculteurs avaient encore besoin de temps pour « mieux analyser les mesures » car certaines lui paraissaient « un peu trompeuses. »
M. Desforges, membre de la FNSEA, est resté prudent sur les propositions qui concernent l’UE car « on sait comment fonctionne l’Europe, il faut encore que les pays se mettent d’accord ».
En ce qui concerne les propositions nationales, « il faut vraiment attendre de voir si elles sont transformées en loi », a ajouté M. Desforges.
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Oleg Cetinic et Helena Alves à Chilly-Mazarin et Michel Euler à Argenteuil ont contribué à cet article.