NICOSIA, Chypre – L’Union européenne ne servira pas ses propres intérêts si elle n’envisage pas de désigner certaines parties de la Syrie comme zones sûres afin que les réfugiés et les migrants puissent y retourner, a déclaré lundi le président de Chypre.
Le président Nikos Christodoulides a déclaré que Chypre travaillait avec des nations membres de l’UE partageant les mêmes idées pour d’entamer une discussion sur cet objectif afin d’alléger la pression que subissent les pays méditerranéens qui accueillent le plus de réfugiés et de migrants.
« Je ne considère pas que le fait de ne pas discuter de la situation en Syrie soit une option appropriée pour l’Union européenne », a déclaré M. Christodoulides à l’issue de ses entretiens avec le président allemand Frank-Walter Steinmeier.
« La République de Chypre, en coopération avec d’autres États membres qui partagent cette approche, s’efforce d’entamer une discussion au sein de l’Union européenne sur la situation en Syrie », a déclaré M. Christodoulides.
Dans ses remarques les plus franches sur la migration à ce jour, M. Christodoulides a déclaré qu’il reconnaissait les » sensibilités » de certains pays de l’UE sur la question, mais que l’Union » doit se demander » si certaines parties de la Syrie sont suffisamment sûres pour que les migrants puissent y retourner.
« Il y a des régions en Syrie dont nous devons examiner si elles sont sûres et, par extension, permettre le retour des migrants de ces régions spécifiques », a-t-il déclaré.
Bien que 37 % de migrants en moins aient atteint Chypre l’année dernière, les chiffres officiels montrent que les arrivées de migrants par bateau depuis la Syrie et le Liban ont augmenté de 355 % – 4 259 en 2023 contre 937 en 2022.
M. Christodoulides a remercié M. Steinmeier, premier président allemand à se rendre à Chypre, pour la décision de son pays d’accepter volontairement 1 000 demandeurs d’asile chypriotes. M. Steinmeier a déclaré, par l’intermédiaire d’un traducteur, que l’Allemagne comprenait le fardeau que représente pour Chypre le trafic de migrants.
Le ministre chypriote de l’intérieur, Constantinos Ioannou, a déclaré au début du mois que l’écrasante majorité des personnes arrivant à Chypre par la mer étaient des Syriens qui avaient en proie des réseaux de passeurs en Syrie et au Liban.
Il a indiqué qu’un accord avait été conclu en vue d’une participation plus active d’Europol, l’agence européenne chargée de l’application de la loi, à la lutte contre les réseaux de trafic d’êtres humains en Syrie et au Liban. à démanteler ces réseaux de contrebandetandis que les autorités chypriotes ont mis en place une unité spécialisée pour renforcer les services de police et les patrouilles.
M. Ioannou a indiqué que les demandes d’asile à Chypre ont chuté de 46 % en 2023, tandis que les rapatriements et les départs volontaires ont augmenté de 66 %. Dans l’ensemble, Chypre a enregistré quelque 10 991 arrivées de migrants l’année dernière, soit 6 447 de moins qu’en 2022.