PARIS – Les agriculteurs protestataires ont de nouveau fermé de longs tronçons de certaines des principales autoroutes françaises vendredi, utilisant des tracteurs pour bloquer et ralentir la circulation et pour faire pression sur le nouveau premier ministre français. presser le gouvernement pour qu’il cède à leur demande de faciliter la culture et l’élevage de denrées alimentaires et de les rendre plus lucratifs.
Le mouvement de plus en plus large des agriculteurs en faveur d’une meilleure rémunération de leurs produits, d’une réduction de la bureaucratie et des coûts, ainsi que d’une protection contre les importations bon marché, devient de plus en plus une crise majeure pour le gouvernement. Il fait écho à les manifestations des gilets jaunes en 2018-2019 contre l’injustice économique qui ont secoué le premier mandat des Président Emmanuel Macron et a durablement entamé sa popularité.
Cette fois-ci, les nouveau Premier ministre Gabriel Attal, qui a été mis à rude épreuve après seulement deux semaines d’exercice, espère apaiser et convaincre les agriculteurs qui manifestent, grâce à une série de mesures qu’il a annoncées lors d’une visite dans une exploitation bovine du sud de la France vendredi après-midi. Il s’agit notamment de « simplifier radicalement » certaines procédures techniques « à partir d’aujourd’hui ». Certaines de ces mesures réduiront 14 règles à une seule, a déclaré M. Attal.
Pour apaiser les agriculteurs, il a également annoncé la fin progressive des taxes sur le carburant diesel pour les véhicules agricoles.
Le premier ministre, vêtu d’un costume et d’une cravate et lisant des notes posées sur une botte de foin, a déclaré que le gouvernement avait décidé de « placer l’agriculture au-dessus de tout », mots qu’il a répétés à de nombreuses reprises. Dans un clin d’œil apparent à l’extrême droite, il a déclaré que le « mot d’ordre » était de « protéger notre patrimoine et notre identité » parce que l’agriculture française définit « ce que nous sommes ».
« Nous devons ouvrir un nouveau chapitre, changer la mentalité … d’abord celle de l’Etat », a-t-il dit, avant de se rendre à l’un des premiers barrages d’agriculteurs pour une rencontre directe avec la colère.
Les agriculteurs déterminés ont opposé au gouvernement un mouvement bien organisé et maîtrisant les médias. Utilisant leurs tracteurs et parfois des bottes de foin comme barrières, ils ont bloqué et ralenti la circulation sur les routes principales. Ils ont également déversé des déchets agricoles nauséabonds aux portes des bureaux du gouvernement.
Vinci Autoroutes a déclaré que deux autoroutes qui sont habituellement des voies de circulation très fréquentées dans le sud de la France et en Espagne, l’A7 et l’A9, ont été fermées vendredi matin par des barrages d’agriculteurs sur de longs tronçons totalisant près de 400 kilomètres. Les barrages ont également coupé plus d’une douzaine d’autres autoroutes, a indiqué M. Vinci. Des tracteurs ont également bloqué certaines routes principales menant à Paris.
L’agriculteur Nicolas Gallepin, qui a participé à une manifestation avec son tracteur sur un rond-point au sud de Paris cette semaine, a déclaré que les nombreuses réglementations qui régissent la production alimentaire lui prennent beaucoup de temps et que le coût du carburant pèse sur ses résultats.
« Au cours des dix dernières années, nous avons connu une bonne année en 2022, mais c’est tout. Nous n’avons pas été payés comme nous le méritons en dix ans », a-t-il déclaré. « Ce qui nous fait vraiment mal, ce sont les importations concurrentes en provenance d’autres pays qui ne respectent pas les mêmes réglementations.
Les manifestations des gilets jaunes ont tenu la France sous leur emprise pendant des mois, en commençant par les travailleurs provinciaux qui campaient sur les ronds-points pour protester contre les taxes sur les carburants, puis en faisant boule de neige pour contester le gouvernement de M. Macron à l’échelle du pays. De même, les agriculteurs ont d’abord exprimé leur colère de manière plus modeste, en retournant des panneaux de signalisation pour protester contre ce qu’ils considèrent comme des politiques agricoles absurdes.
Mais leurs doléances sont restées largement ignorées avant qu’ils ne commencent à faire les gros titres ces dernières semaines avec des blocages de la circulation et d’autres manifestations.
Plus largement, l’agitation en France est également symptomatique du mécontentement dans les régions agricoles de l’Union européenne. Le secteur influent et fortement subventionné devient un sujet brûlant à l’approche des élections du Parlement européen en juin. Les partis populistes et d’extrême droite espèrent tirer parti du mécontentement des populations rurales à l’égard des accords de libre-échange, des coûts élevés aggravés par la crise économique et financière. La guerre de la Russie en Ukraine et d’autres plaintes.
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Elaine Ganley, rédactrice de l’Associated Press à Paris, et Nicolas Garriga, vidéojournaliste à Auvernaux, en France, ont contribué à ce rapport.