Le nom de Vadim Krasikov est revenu à plusieurs reprises ces dernières semaines dans le cadre d’échanges de prisonniers entre la Russie et les pays occidentaux. Voici ce qu’il faut savoir.
Quels noms de prisonniers ont été évoqués ?
Les associés du leader de l’opposition russe Alexei Navalny ont déclaré lundi que des discussions étaient en cours peu avant sa mort pour l’échanger contre un Russe emprisonné en Allemagne. Ce prisonnier russe s’appelait Krasikov.
Selon Maria Pevchikh, l’une des plus proches collaboratrices de Navalny, ce dernier et deux citoyens américains détenus en Russie allaient être échangés contre des Krasikov. Ses affirmations n’ont pas pu être confirmées de manière indépendante et elle n’a fourni aucune preuve pour les étayer.
Au début du mois, le président russe Vladimir Poutine, dans une interview avec l’ancien animateur de Fox News Tucker Carlson, a laissé entendre que le journaliste du Wall Street Journal Evan Gershkovich, détenu en Russie pour espionnage, pourrait être échangé contre M. Krasikov.
Bien que M. Poutine ne l’ait pas nommé, il est largement admis que le « patriote » russe dont il a dit qu’il purgeait une peine de prison à vie pour avoir « liquidé un bandit » dans « l’une des capitales européennes » était M. Krasikov.
De quoi Krasikov a-t-il été condamné et comment la Russie a-t-elle été impliquée ?
Il purgeait une peine de prison à perpétuité en Allemagne pour l’assassinat en 2019 à Berlin de Zelimkhan « Tornike » Khangoshvili, un citoyen géorgien de 40 ans d’origine tchétchène qui avait combattu les troupes russes en Tchétchénie et avait ensuite demandé l’asile en Allemagne.
Krasikov a été condamné en 2021. Les juges allemands ont déclaré qu’il avait agi sur ordre des autorités russes, qui lui avaient donné une fausse identité, un faux passeport et les moyens de commettre l’assassinat. L’assassinat et la condamnation qui s’en est suivie ont déclenché une importante querelle diplomatique entre la Russie et l’Allemagne, avec notamment des expulsions diplomatiques à la clé.
Les éléments de preuve examinés par la Cour, y compris les documents mis au jour par la le site d’investigation Bellingcata montré que Krasikov avait été employé par une agence de sécurité russe et qu’on lui avait probablement demandé d’exécuter le coup en 2019, a déclaré le président du tribunal, Olaf Arnoldi.
Krasikov et ses représentants légaux ont contesté sa culpabilité pour le meurtre et ont même contesté son identité. Krasikov a déclaré à l’ouverture de son procès qu’il avait été mal identifié et qu’il était né en Russie en 1970, et non au Kazakhstan en 1965.
Comment Krasikov a-t-il perpétré l’assassinat ?
Selon M. Arnoldi, un mois avant l’assassinat, les autorités russes ont délivré à M. Krasikov un faux passeport sous le pseudonyme de Vadim Sokolov, qu’il a utilisé pour se rendre à Berlin, où il a tiré à plusieurs reprises sur la victime par derrière avec une arme de poing munie d’un silencieux, près du parc Kleiner Tiergarten de Berlin.
Des témoins ont vu le suspect jeter un vélo, une arme et une longue perruque sombre dans la rivière Spree à proximité et ont alerté la police, qui l’a rapidement arrêté avant qu’il ne puisse s’enfuir à bord d’un scooter électrique.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié les allégations d’implication de la Russie dans la tuerie de Berlin d' »absolument sans fondement ».
Que savons-nous d’autre sur Krasikov ?
Selon Bellingcat, Krasikov est né en 1965 dans l’actuel Kazakhstan, qui faisait alors partie de l’Union soviétique. Bellingcat affirme qu’il a travaillé pour le FSB, le service de sécurité de l’État russe. L’Associated Press n’a pas été en mesure de confirmer ces affirmations.
M. Krasikov, père de trois enfants et marié deux fois, n’avait jamais été condamné, a indiqué M. Arnoldi, mais des documents officiels ont montré qu’il était recherché par les autorités russes pour le meurtre d’un homme d’affaires à Moscou en 2013. L’affaire a été abandonnée en 2015.