Pendant des années, la protection bucco-nasale nous a accompagnés dans les transports en commun ou même lorsque nous faisions nos courses. Était-il vraiment nécessaire ?
Très vite après l’apparition de Corona, les masques étaient devenus incontournables dans les rues. Alors qu’ils étaient obligatoires dans différents endroits à différents stades de la pandémie, cette obligation a été supprimée dans toute l’Allemagne, à l’exception des cliniques, des maisons de soins et des cabinets médicaux.
Au même moment, une grande étude internationale a été publiée, qui semble réfuter l’utilité générale des masques. Étaient-ils éventuellement inutiles ? Ce que dit l’étude.
Lundi, le réseau international d’experts « Cochrane Collaboration » a publié une méta-étude au titre un peu lourd : « Physical interventions to interrupt or reduce the spread of respiratory viruses » (dans l’original : « Interventions physiques pour interrompre ou réduire la propagation des virus respiratoires »). Le cœur de l’enquête : qu’apportent la protection bucco-nasale ou encore l’hygiène des mains pour interrompre ou ralentir la propagation des virus respiratoires ?
Une phrase fait sensation et suscite des commentaires triomphants, surtout dans les milieux « dissidents », qui ont souvent compté parmi les réfractaires au port du masque : « Comparé à l’absence de port de masque […], le port d’un masque ne fait peut-être que peu ou pas de différence dans le nombre de personnes atteintes d’une maladie pseudo-grippale/de type Covid ».
Et ailleurs, on peut lire : « Le port du masque en public ne fait probablement que peu ou pas de différence quant à l’issue d’une maladie pseudo-grippale / maladie de type Covid-19 ». Mais les auteurs eux-mêmes soulignent la pertinence limitée de leurs résultats.
Qu’est-ce que Cochrane ?
La société Cochrane est un réseau international indépendant de scientifiques, de médecins et d’autres professionnels de la santé. Elle se base sur la médecine factuelle, c’est-à-dire qu’elle s’appuie exclusivement sur des preuves scientifiques. Dans la recherche médicale, les travaux publiés dans la Cochrane Library sont considérés comme l’étalon-or.
Comment l’étude est-elle structurée ?
Les scientifiques réunis autour de l’infectiologue canadien John Conly ont évalué 78 études de différents pays dans le cadre d’une méta-analyse. Les études examinées portaient sur différents événements épidémiques ou pandémiques d’infections respiratoires, comme la grippe porcine, différentes autres vagues de grippe et la pandémie Corona. Les deux virus ont le même mode de transmission : les voies respiratoires.
Les données de 610.000 participants étaient disponibles pour l’étude. Sur cette base, l’effet des masques et de l’hygiène des mains a été analysé dans différents environnements tels que les cliniques, les maisons de soins, les écoles ou même les lieux publics.
Les résultats
Après évaluation, il est apparu que, par rapport à l’absence de port de masque, le port d’une protection bucco-nasale (médicale ou FFP2) ne faisait probablement pas de différence en termes de nombre de personnes infectées par la grippe ou le Covid-19. Mais les auteurs eux-mêmes nuancent : « Il existe une incertitude quant aux effets des masques faciaux ». Selon leurs propres dires, il est impossible de tirer des conclusions claires, les résultats ne sont pas suffisamment solides.
Les points cruciaux
Les chercheurs eux-mêmes font état, entre autres, des limites suivantes :
Des lacunes dans la conception de l’étude (c’est-à-dire la structure des études qui ont conduit aux résultats de recherche correspondants, qui ont maintenant été intégrés dans la méta-analyse).
Une pertinence insuffisante de certaines études, notamment lorsque l’étude porte sur une période où la circulation virale était faible.
L’adhérence, c’est-à-dire le fait de savoir si les participants à l’étude portaient vraiment leurs masques régulièrement et correctement, reste également difficile à vérifier. La question de savoir si un masque a effectivement été porté correctement reste ouverte et ne peut pas être surveillée ou vérifiée. Mais cette circonstance joue un rôle décisif dans la prévention des infections.
Les réactions
Dans différents médias, l’étude a été présentée comme une preuve de l’échec de la politique de Corona. Il a été question d’une gifle pour la politique, la science s’étant trompée. Dans les cercles de juristes, les résultats ont été salués comme la preuve que les mesures anti-Corona n’avaient pas pour objectif de contrôler le virus, mais les personnes. Martin Sichert, porte-parole du groupe parlementaire de l’AfD pour les questions de santé, annonce : « L’obligation de porter un masque n’a donc existé que parce que la politique et les médias étaient amoureux des masques – contre toute évidence ».
Que disent les experts ?
Sur la ZDF, le médecin et journaliste médical Christoph Specht a déclaré : « Le masque protège, cela ne fait absolument aucun doute – dans des conditions appropriées ». Ce qui est décisif, c’est qu’il soit porté correctement. « Cela commence par la bonne taille », poursuit Specht. Et surtout, le masque doit être porté « là où la transmission du virus a vraiment lieu, c’est-à-dire dans la sphère privée ». Car c’est là que la plupart des gens sont contaminés. « Le masque peut alors vraiment empêcher les infections ». Mais c’est justement là que le masque n’était généralement pas porté.
Le directeur de l’Institut Max-Planck pour la dynamique et l’auto-organisation, Eberhard Bodenschatz, a déclaré dans le « Tagesspiegel » : « De mon point de vue, l’étude n’est pas pertinente et ne permet pas de tirer la conclusion qui a été tirée ». Il a fait des recherches sur l’effet des masques et conclut : « Physiquement, il est prouvé que les masques protègent contre les infections, il n’y a absolument aucun doute à ce sujet ».
En effet, plusieurs autres études avaient démontré l’utilité des masques. Cependant, les épidémiologistes sont confrontés à une lacune : Il est difficile de déterminer quelle mesure a été efficace pour endiguer le coronavirus (masques obligatoires, lockdowns, 2G, 3G, etc.), car de nombreux instruments ont été appliqués simultanément ou très rapidement les uns après les autres. Des recherches supplémentaires sont nécessaires à ce sujet.